Eugenio Coseriu

Le vrai et le faux dans la théorie de la traduction

The right and wrong approaches in translation theory

Traduit de l’espagnol1 par Xavier Perret, xavperret@bluewin.ch

1.1. Le titre de cet essai pourrait paraître provocateur, mais il ne l’est pas intentionnellement. Il traite de ce qui, à la lecture d’assez nombreux livres et articles sur la théorie de la traduction, précisément sous l’angle théorique, dérange habituellement un théoricien du langage, et propose quelques réflexions pour surmonter ces aspects dérangeants. Sans doute aurais-je pu opter pour un titre comme « Portée et limites de la traduction » ou « Traduisibilité et intraduisibilité », car, en fin de compte, c’est de cela qu’il s’agit « concrètement », c’est-à-dire en ce qui concerne l’objet de la théorie. Mais il se trouve que, pour des raisons de clarté, il m’a paru opportun d’exposer les points fondamentaux d’une théorie de la traduction cohérente et adéquate en partant, précisément, des conceptions erronées correspondantes et de leur examen critique. En disant « dans la théorie de la traduction », je ne me réfère pas, du reste, à une théorie précise, ni à toutes les théories de la traduction, mais à la théorie de la traduction en tant que champ de recherche. Et en ce sens, il me paraît licite d’affirmer que dans la théorie de la traduction, jusque dans la plus récente, on trouve de temps à autre des conceptions erronées, qui sont le résultat de confusions ou de distinctions non faites. Certes, on y trouve aussi, et très souvent, des conceptions parfaitement correctes, y compris celles que je considère comme justes et que l’on défendra dans les paragraphes qui suivent. Néanmoins, il y a, d’une part, des livres entiers qui prétendent faire la « théorie de la traduction » mais qui n’arrivent même pas à poser les vrais problèmes théoriques de la traduction, ou qui le font mal. D’autre part, dans

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aucun des ouvrages sur la théorie de la traduction que je connais on ne trouve toutes les conceptions justes réunies et, en même temps, fondées en raison de manière organique et cohérente ; tout au contraire, elles y apparaissent seulement de façon isolée et dispersée, une fois l’une et une autre fois l’autre, et, souvent, de principes corrects et correctement formulés, on ne tire pas de façon pleinement cohérente toutes les conséquences que l’on devrait en tirer. 1.2. Il est certain aussi que cela n’est nullement facile, ni en ce qui concerne l’objet de la théorie ni en ce qui concerne l’état actuel de la recherche correspondante. Comme dans le cas de l’activité de parler en général, dans le cas de l’activité de traduire aussi – qui n’est rien d’autre qu’une forme particulière de l’activité de parler –, tout est lié, de telle sorte que n’importe quelle formulation d’un principe équivaut à une partialisation. Et en ce qui concerne l’état de la recherche, la tâche n’est pas facile parce que la théorie de la traduction devrait, en toute rigueur, faire partie de la linguistique du texte, et cette dernière, malgré les progrès accomplis ces dernières années, en est toujours à ses débuts ; en effet, la linguistique du texte n’a même pas encore réussi à délimiter exactement son objet, à identifier toutes ses « catégories » et à les ordonner d’une manière cohérente et féconde.

1.3. Nous aussi devrons nous limiter ici à quelques points fondamentaux, mais qui nous paraissent essentiels et susceptibles de développements ultérieurs ; cela même au risque de devoir répéter aussi en partie des choses connues et plus ou moins généralement admises. Il faut signaler également, dès le début, que, en se fondant uniquement sur leur intuition, les bons traducteurs posent correctement, quoiqu’implicitement, les problèmes théoriques de leur activité et, surtout, les résolvent correctement dans leurs aspects pratiques : tout comme pour élaborer la théorie de l’activité de parler il faut observer les locuteurs, pour élaborer la théorie de la traduction il faudrait observer les traducteurs.

2.1. Parmi les conceptions que je tiens pour erronées, les plus flagrantes sont les suivantes :

    1°) La problématique de la traduction et de l’activité de traduire est abordée comme étant une problématique des langues.

    2°) On exige de la traduction (ou de la traduction « idéale », mais théoriquement « impossible »), du moins de façon implicite, qu’elle reproduise avec les moyens de la langue d’arrivée tout ce qui est entendu « dans » et « par » le texte original, tout ce qui est « communiqué » par ce texte ; et, comme la traduction ne peut pas le faire, on la qualifie d’« imparfaite » de par sa nature même, bien qu’elle soit nécessaire du point de vue pratique.

    3°) La traduction en tant que technique relative aux langues (« transposition ») est mise sur le même pied que l’activité de traduire, c’est-à-dire l’activité des traducteurs. Cela entraîne,

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    entre autres choses, le paradoxe que la traduction serait théoriquement impossible mais constituerait empiriquement une réalité.

    4°) On postule un « optimum » d’invariance générique et abstrait, valable pour toute traduction.

2.2. Quels liens unissent ces quatre conceptions – et surtout leurs opposés – entre elles, c’est ce que nous allons voir dans ce qui suit. Pour cela, il nous faut examiner de plus près ces quatre conceptions dans l’ordre.

3.1.1. En premier lieu, la problématique de la traduction est très souvent envisagée du point de vue des langues, c’est-à-dire en tant que problématique concernant simplement le rapport entre la langue de départ et la langue d’arrivée, ce qui fait que la théorie de la traduction aussi en tant que telle est considérée comme un cas spécial de la « linguistique des langues », et plus précisément de la linguistique contrastive. En particulier, cette problématique est abordée sous l’angle des signifiés exprimés par les langues et au moyen de leur confrontation.

3.1.2. Certes, ce n’est plus là la conception ancienne et/ou « naïve » (du reste jamais entretenue par les bons traducteurs) selon laquelle les contenus exprimés par les diverses langues seraient simplement les mêmes, de sorte que la traduction équivaudrait à une substitution sur le plan de l’expression. Au moins depuis Schleiermacher sait-on de façon réfléchie et explicite ce que les bons traducteurs et les locuteurs bilingues et plurilingues ont toujours su intuitivement, à savoir que les contenus de langues différentes – mis à part le vocabulaire technique – souvent non seulement n’entrent pas entre eux dans un rapport de 1 à 1, mais qu’ils n’entrent même pas non plus dans un rapport « rationnel » de type 1 à 2 (ou même 1 à 3, 1 à 4, etc.) – comme dans le cas de l’exemple si finement analysé par Angus McIntosh de angl. to know ‒ fr. savoir / connaître (ou des exemples connus du type esp. escalera, it. scala ‒ all. Treppe / Leiter ; esp. flor, fr. fleur ‒ all. Blume / Blüte, etc.) ‒, puisqu’ils se trouvent bien plutôt dans un rapport « irrationnel », de façon telle que certains contenus de la langue A correspondent seulement en partie à certains contenus de la langue B, qui à leur tour correspondent aussi à d’autres contenus de la langue A, qui pour leur part correspondent aussi à d’autres contenus de la langue B, etc., ce qui fait que beaucoup de contenus de deux langues différentes sont simplement « incommensurables ». Mais, en même temps, on considère précisément cette diversité dans la structuration des signifiés comme le problème fondamental de la théorie de la traduction ou comme la principale difficulté de l’activité de traduire, on se demande comment traduit-on « en français » ou « en allemand » tel ou tel mot isolé et l’on continue de parler de « mots intraduisibles » comme all. gemütlich, Leistung, Sehnsucht, gönnen, port. saudade, roum. dor. Or, dans le sens dans lequel gemütlich est « intraduisible », pratiquement tous les mots du

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lexique primaire (non terminologique) de langues non étroitement apparentées du point de vue historico-généalogique ou historico-culturel (et souvent aussi ceux de ces langues-là) sont aussi « intraduisibles ». En ce sens, fr. porter ne peut pas être « traduit » en italien, vu que porter implique que ce qui est ainsi mu secondairement ne se déplace pas tout seul, trait qui, en revanche, est absent de it. portare. Esp. venir (mouvement en direction de l’endroit de la 1ère personne) ne peut pas « se traduire » en italien (it. venire signifie mouvement en direction de l’endroit de la 1ère et de la 2ème personnes) ; roum. a zice ne peut pas être « traduit » dans les autres langues romanes, puisqu’en roumain existe l’opposition a zice/ a spune (approximativement : « dire, sans mise en relief de la communication d’un contenu » / « dire, avec mise en relief de la communication d’un contenu à quelqu’un »), opposition qui n’existe pas dans dire, decir, dizer, etc. Le suédois leka (« jouer, pour les enfants » ne peut pas « se traduire » en allemand, parce que l’allemand (comme l’espagnol et bien d’autres langues) ne distingue pas le jeu des enfants du jeu des adultes ; il pourrait « se traduire » en italien, ou plutôt en toscan, parce que le toscan connaît par hasard une opposition semblable à celle du suédois spela / leka (giocare / baloccarsi), bien que, en toute rigueur, dans ce cas-là non plus le « statut » de l’opposition n’est pas absolument identique dans les deux langues. Le cas de mots comme gemütlich, Leistung, etc., est distinct seulement dans le sens où, dans leur rapport avec les signifiés des autres langues, on constate une « irrationalité » plus immédiatement évidente ou une plus grande « incommensurabilité ».

3.1.3. La théorie moderne de la traduction observe à ce propos (comme, du reste, la traditionnelle) que l’on ne traduit pas « des mots ». Cela, bien interprété, est très raisonnable (v. infra 3.1.4.). Mais la formulation n’est pas particulièrement heureuse, car, d’une part, les mots aussi dans un certain sens se traduisent et, d’autre part, dans le sens dans lequel les mots ne se traduisent pas, les constructions et les phrases non plus ne se traduisent pas. En ce sens, une phrase suédoise aussi simple que Jag vet inte (« Je ne (le) sais pas ») ne peut pas « se traduire » en espagnol ou en italien, puisqu’elle contient un type spécial de négation, tandis que l’espagnol et l’italien ne font pas la différence entre la négation avec inte et la négation avec icke ou ej. La phrase suédoise Är ditt pass förgammalt ? [« Ton (ou votre) passeport a expiré ? »] ne peut pas « se traduire » en allemand, vu que le statut du tutoiement en allemand n’est pas le même qu’en suédois. De manière analogue, le suédois tack så mycket [« merci beaucoup »] ne correspond pas à all. danke sehr, besten Dank, etc. : it. grazie tante correspondrait mieux, sans, pour autant, signifier exactement la même chose ; et le suédois var så god n’est pas, en ce sens, « traduisible » en espagnol, en allemand ou en italien (les

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correspondances courantes seraient esp. por favor, all. bitte, it. per piacere, prego, mais ces expressions signifient à chaque fois quelque chose de distinct). Au suédois mycket bra [« très bien »] correspondent en italien deux expressions avec un signifié distinct (molto bene, benissimo), et tosc. Buona sera, malgré le signifié des deux mots, ne peut pas se traduire en allemand par Guten Abend, puisque les toscans disent Buona sera à partir d’une heure de l’après-midi ; all. Gute Nacht ne peut pas se traduire exactement en espagnol, puisqu’en espagnol on ne dit pas Buena noche mais Buenas noches, au pluriel ; et all. Guten Morgen (comme formule de salutation) ne peut d’aucune manière « être traduit » en espagnol, en français ou en italien, puisque les équivalents sémantiques Buena mañana, Bon matin, Buon mattino tout simplement ne se disent pas.

3.1.4. À partir d’un exemple aussi simple que all. Guten Morgen, on peut se rendre clairement compte d’en quoi consiste à proprement parler la traduction. Au signifié – c’est-à-dire au contenu donné par la langue – de l’expression allemande correspondent sans aucun doute « Buena mañana », « Bon matin », « Buon mattino », mais sa traduction correcte est Buen día (Buenos días), Bonjour, Buon giorno, c’est-à-dire la même chose que pour all. Guten Tag. Il ne s’agit donc pas simplement de ce que l’on ne traduit pas « des mots ». Tout au contraire, ce qu’il faut dire, c’est que l’on ne traduit pas les « signifiés », les contenus de langue en tant que tels ; et même plus : que la traduction ne se déroule pas sur le plan des langues, mais sur le plan des textes (Guten Tag aussi est une « texte »). Seuls se traduisent les textes ; et les textes ne sont pas élaborés seulement avec des moyens linguistiques, mais aussi – et dans des mesures diverses selon les cas – avec des moyens extralinguistiques. Tel est le principe de base dont dépend tout le reste dans la traduction (et, par conséquent, aussi dans la théorie de la traduction).

3.2.1. Dans la traduction, il s’agit d’exprimer « un même contenu textuel (= de texte) » dans des langues différentes. Or, puisque les contenus des langues (ou des « idiomes ») sont différents, tandis que le contenu traduit doit être « le même », ce contenu ne peut pas être idiomatique, mais seulement inter- ou supra-idiomatique.

3.2.2. Quel est alors ce contenu supra-idiomatique si, justement, il ne peut pas être un contenu de langue ? Il faut distinguer ici trois types fondamentaux de contenu linguistique : la désignation, le signifié et le sens.

Le signifié est le contenu donné à chaque fois par la langue et, précisément, exclusivement par la langue, pour chaque langue déterminée. La désignation, en revanche, est la référence à la « chose » extralinguistique, aux « faits » ou aux « états de choses » extralinguistiques. Certes, la désignation proprement dite (qui n’est pas une simple « monstration ») ne peut se faire qu’au moyen des signifiés, mais elle ne coïncide pas pour

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autant avec le signifié. Ainsi, par exemple, esp. traer, all. bringen, fr. apporter, it. portare sont des signifiés distincts et seulement délimitables comme tels au moyen des oppositions sémantiques dans le cadre desquelles ils fonctionnent au sein des langues correspondantes. Cependant, dans certaines situations précises, ils peuvent désigner exactement la même action. De façon analogue, esp. escalera, it. scala et all. Treppe peuvent désigner exactement la même chose (s’il s’agit, justement, d’un « escalier compris dans un édifice », qui, cependant, en allemand est autre chose qu’une Leiter, esp. « escalera de mano » [« échelle »]). Ou bien, en ce qui concerne les « faits » et les « états de choses » : le fait que l’eau d’une rivière, d’un lac ou d’une mer est relativement peu profonde peut être désigné en espagnol au moyen de Aquí se hace pie [litt. « Ici on fait pied »], en allemand par Hier kann mann stehen [« Ici on peut (se) tenir debout »], en italien par Qui si tocca [« Ici on touche »], c’est-à-dire par des signifiés entièrement différents. Le fait que deux objets A et B sont de taille différente est exprimé dans certaines langues par « A est plus grand que B », dans d’autres par « A dépasse B en taille » (ou bien « A est grand, dépasse B ») ; et il y a des langues dans lesquelles le fait est exprimé simplement par « A est grand, B est petit ». Le fait que « Jean dort » est désigné dans de nombreuses langues au moyen de signifiés analogues à ceux du français (ainsi : esp. Juan duerme, it. Giovanni dorme, all. Hans schläft) ; dans certaines langues, cependant, au moyen de quelque chose comme : « On dort Jean » (c’est-à-dire en prenant « Jean » comme objet de l’activité de « dormir »), etc. Les cas de désignation identique au moyen de signifiés différents sont très fréquents aussi, par ailleurs, dans une même langue : La porte est ouverteLa porte n’est pas fermée ; X callóX no dijo nada ; Caesar Pompeium vicitPompeius a Caesar victus est.

Le sens est le contenu particulier d’un texte ou d’une unité textuelle, dans la mesure où ce contenu ne coïncide pas simplement avec le signifié et avec la désignation. Ainsi, par exemple, dans un syllogisme, le sens de Socrate est mortel peut être : « Ce qui est applicable à toute une classe est nécessairement applicable aussi à chaque membre de cette classe » (Socrate est, dans ce cas, seulement un exemple, et l’exemple pourrait aussi être un autre, entièrement différent) ; dans une situation de la vie pratique, la même expression peut avoir, par exemple, le sens de « avertissement à Xanthippe2» ; et dans une poésie, le sens d’un symbole poétique de la mortalité et de la fragilité de l’être humain. Du point de vue linguistique, il n’y a de sens que dans les textes ; mais, en principe, le sens est en grande partie transférable à d’autres modes d’expression, non linguistiques (ainsi, par exemple, un roman et un film pourraient avoir le

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même sens global). La question, la réponse, l’exhortation, la vérification, l’objection, la réfutation, la réplique, la supplique, l’injonction, l’exemple, l’imputation, l’allocution, la salutation, etc. sont des catégories du sens et, de ce fait, du texte.

3.2.3. Le rôle de la traduction est donc, du point de vue linguistique, de reproduire, non pas le même signifié, mais la même désignation et le même sens avec les moyens (c’est-à-dire, à strictement parler, avec les signifiés) d’une autre langue.

3.3.1. Nous examinerons ce problème d’abord sous l’angle de la désignation et à la lumière de la distinction entre désignation et signifié. Le problème de l’activité de traduire est, en ce sens, celui d’une désignation identique avec des moyens linguistiques différents, c’est-à-dire, non pas : « Comment traduit-on tel ou tel signifié de cette langue ? », mais : « Comment nomme-t-on le même fait ou le même état de choses dans une autre langue dans la même situation ? ». Le traducteur procède donc, d’abord, « sémasiologiquement » (il identifie ce qui est désigné par le texte original), et ensuite onomasiologiquement (il cherche ce qui correspond à la même désignation dans l’autre langue). La traduction est sémasiologie et onomasiologie implicites, mais sémasiologie et onomasiologie des textes, non pas des langues.

3.3.2. Cela entraîne une série de corollaires et de conséquences :

    a) Si la traduction (et, plus encore, aussi la traduction « correcte ») existe en dépit du fait qu’elle devrait être impossible, cette contradiction ne peut provenir que d’une confusion. En effet – et, pour le moment, seulement en ce qui concerne notre distinction –, l’affirmation que la traduction est impossible se rapporte au signifié, tandis que la constatation de son existence se rapporte, au moins implicitement, à la désignation. Mais, si la traduction n’est pas impossible quant à la désignation, il est absurde de prétendre qu’elle l’est quant aux signifiés, puisque, justement, les signifiés ne se traduisent pas. Qui plus est : ils ne doivent pas se traduire, puisque le rôle de la traduction est autre et entièrement différent ; et ils ne peuvent pas se traduire, puisqu’ils sont par définition des faits d’une langue déterminée (raison pour laquelle ils peuvent seulement être « décrits », c’est-à-dire expliqués analytiquement, mais non transférés à une autre langue). En conséquence, il n’y a aucun sens à exiger qu’ils soient reproduits comme tels : une explication en italien du signifié de esp. vengo, comme : « Vengo verso il posto della prima persona », serait, dans une traduction, non seulement très étrange, mais manifestement absurde, puisque le « fait » correspondant n’est pas nommé de cette façon en italien, mais simplement aussi par vengo. Les explications analytiques des signifiés des langues sont à leur place dans un dictionnaire ou dans la lexicologie contrastive ; or, une traduction n’est pas un dictionnaire, ni une étude lexicologique, mais une activité de parler au moyen d’une autre langue et avec un contenu déjà donné. Les signifiés de la langue de départ

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    fonctionnent dans la traduction seulement durant la première phase, la phase sémasiologique ; mais dès que l’on a compris ce que le texte original désigne, ils sont exclus, puisque dans la seconde phase, la phase onomasiologique – c’est-à-dire le processus même de l’activité de traduire –, il s’agit de trouver les signifiés de la langue d’arrivée susceptibles de désigner la même chose :

    Rien ne passe directement de Sig.1 à Sig.2 : dans la phase sémasiologique, le traducteur se comporte comme un locuteur de la langue de départ qui comprend (interprète) un texte ; dans la phase onomasiologique, comme un locuteur de la langue d’arrivée qui élabore (produit) un texte, avec l’unique différence que le contenu à exprimer lui est donné d’avance dans tous ses détails. En outre, dans les textes, les signifiés des langues ne fonctionnent même pas comme tels, mais seulement comme des « variantes » (ils ne peuvent être établis en tant qu’unités sémantiques que sur la base de très nombreux actes de discours différents, ou, sur le plan de la langue elle-même, par la preuve de la commutation), et ils ne relèvent pas du contenu communiqué des textes : bien au contraire, ils sont des instruments pour la communication de ce contenu. Par le biais des signifiés, on désigne des « faits » et des « états de choses » : on parle au moyen des signifiés, on ne communique pas des signifiés (sauf s’ils sont eux-mêmes ce qui est désigné – v. 4.2.1.). Le « contenu communiqué » d’un texte consiste exclusivement en désignation et en sens.

    b) Dans la traduction, ce qui importe, par conséquent, en premier lieu, ce sont les équivalences dans la désignation. Le rapport entre les signifiés de la langue de départ et de la langue d’arrivée qui concourent à la désignation est seulement indirect : il ne s’établit pas, comme dans la linguistique contrastive, sur le plan même des signifiés, mais existe seulement dans la mesure où les signifiés (analogues ou distincts) de ces langues « correspondent » les uns aux autres dans ce qui est désigné, autrement dit, coïncident (régulièrement, dans la plupart des cas ou seulement dans certains cas) dans la fonction de désignation.

    c) Puisque, en plus de cela, il s’agit d’équivalences dans des situations et des contextes déterminés, en établissant ces correspondances il faut distinguer entre le signifié et l’emploi du signifié, vu que des signifiés parfaitement analogues en tant que tels (autrement dit, quant à

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    leurs traits distinctifs) peuvent être employés de façon différente dans des langues différentes. Ainsi, par exemple, à all. Keine Ursache (en réponse à un Danke [« Merci »]) ne correspondent pas en français et en italien *Aucune cause, *Nessuna causa, mais Pas de quoi et Non c’è di che (ou Ma Le pare ?, etc.). All. Kein Eingang (sur un écriteau) n’est pas *Aucune entrée, *Nessuna entrata, mais Défense d’entrer, Proibito (Vietato) entrare, etc. All. In Ordnung ! n’est pas en italien *In ordine, mais In regola. Pour ce qui est exprimé en allemand au moyen de Schade! on trouve en français un signifié analogue (Dommage !) ; en revanche, en anglais et en espagnol on emploie le signifié « pitié » (What a pity !, ¡Qué lástima !), en portugais, le signifié « peine » (Que pena !), et en italien et en roumain le signifié « péché » (Che peccato !, Ce păcat !). À all. betrügen correspond sur le plan propre des signifiés it. ingannare, mais à all. Seine Frau betrügt ihn correspond it. Sua moglie lo trasdisce, vu que, dans ce cas, on n’emploie pas en italien le signifié « tromper », mais le signifié « trahir ». Comparez aussi esp. según los casos ‒ all. von Fall zu Fall ; all. Ich habe keine Ahnung ‒ esp. No sé nada (No tengo idea), it. Non ne so nulla ; all. Es hat keinen Zweck ‒ esp. Es inútil, it. È inutile; all. Soll das ein Witz sein? ‒ it. Sta scherzando? ; all. Sicher ist sicher ‒ it. Quel che è sicuro è sicuro (ou È meglio andar sicuri). Et même dans le cas de correspondances qui, en soi, pourraient être employées dans n’importe quelle circonstance, il faut compter avec la préférence pour l’une ou l’autre correspondance selon les langues. Ainsi, par exemple, pour all. Natürlich, on ne rencontre pas souvent en italien et en espagnol Naturalmente, qui est possible, mais plutôt, par exemple, Si capisce che, Claro está que (ou Desde luego), et pour all. Es ist rutschig on ne trouve pas en italien È scivoloso, qui est possible, mais Si scivola ; à roum. cuscru [« beau-père du fils d’une personne »] et guturai [« rhume, catarrhe du nez »] correspondent exactement it. consuocero et corizza, mais consuocero et corizza se disent beaucoup moins en italien que cuscru et guturai en roumain. On peut, à ce propos, établir une très vaste casuistique, qui peut aller jusqu’à la préférence, à première vue immotivée, pour un ordre déterminé des mots ; comparez all. schwarzweiss, fr. noir et blanc, par rapport à esp. blanco y negro, it. bianco e nero, roum. alb şi negru.

    d) Bien entendu, il n’est pas indispensable que les « faits » désignés dans un texte original soient des faits déjà nommés aussi dans la langue d’arrivée. Et la même chose vaut pour les situations, puisque, naturellement, dans la traduction il n’est pas question seulement de situations courantes dans les communautés linguistiques correspondantes (comme dans le cas de l’écriteau Kein Eingang). Ce qui importe, c’est plutôt que dans les deux communautés linguistiques les éléments, les parties constituantes des faits mentionnés, soient connus et puissent être désignés, et que des situations analogues puissent être construites avec les moyens

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    propres des deux langues. Ainsi, il n’est pas précisément courant qu’un ‘voyageur de commerce’ se transforme en un ‘insecte monstrueux’, même s’il s’appelle Gregor Samsa ; il n’est pas courant que des ‘tables rondes’ soient ‘carrées’ ni que des ‘idées vertes incolores dorment furieusement’ ; mais on peut imaginer ce qui est entendu par tout cela si l’on connaît les éléments « voyageur de commerce », « monstrueux », « insecte », « table », « rond », « carré », etc. Dans la mesure où les éléments constitutifs aussi des « faits » (ou des « états de choses ») nommés dans les textes sont inconnus dans une communauté linguistique et n’ont aucune désignation dans la langue correspondante, les textes mêmes ne sont pas « traduisibles » au sens propre de ce terme ‒ v. infra f).

    e) Les mots aussi se « traduisent », dans la mesure où ils contribuent à la désignation. Il se trouve seulement que dans de nombreux cas ils ne peuvent pas ou ne doivent pas se traduire, s’il s’agit de transmettre la même désignation.

    f) La diversité des signifiés des différentes langues, c’est-à-dire la structuration différente de la réalité que les langues elles-mêmes manifestent, n’est pas, comme on le croit souvent, le problème par excellence de la traduction, mais bien plutôt sa condition préalable, la condition même de son existence : c’est justement pour cela qu’il y a « traduction » et non pas simplement substitution sur le plan de l’expression. De même, la diversité des signifiés des différentes langues ne représente pas, en soi, une limitation rationnelle à la possibilité de la traduction, puisque la traduction est par définition ‘désignation identique au moyen de signifiés en principe différents’. Sans doute, la diversité des signifiés constitue un problème important pour la pratique de l’activité de traduire (v. 5.1.), car bien souvent les équivalences dans la désignation doivent être établies pour chaque cas particulier, et les moyens auxiliaires dont le traducteur dispose pour ce faire (en particulier les dictionnaires bilingues) sont très incomplets à cet égard (ce que l’on appelle la « stylistique comparée » a obtenu plus de résultats dans ce domaine ces dernières années). Mais il s’agit là d’un problème empirique. Sur le plan théorique, en revanche, le problème existe seulement si, pour une désignation déterminée, une langue ne possède aucun signifié, c’est-à-dire si une réalité déterminée n’est structurée d’aucune manière dans cette langue, alors dans ce cas la traduction au sens propre est, en effet, impossible (comme dans le cas si souvent cité de la « neige » dans les langues de nombreuses communautés linguistiques qui ignorent absolument cette réalité). Mais ce cas précisément ne présente aucune difficulté spéciale pour la pratique de l’activité de traduire : face au problème de la désignation inexistante (de la « réalité » non encore nommée dans la langue d’arrivée), les traducteurs procèdent comme les locuteurs en général, c’est-à-dire qu’ils appliquent les mêmes procédés que ceux auxquels recourent dans ces cas-là les locuteur d’une langue : adoption des

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    expressions de la langue de départ, adaptation sémantique (« calque »), création de nouvelles expressions et de nouveaux signifiés avec les moyens vernaculaires.

3.4.1. Mais, d’un autre côté, les textes, comme nous l’avons déjà mentionné, ne fonctionnent pas seulement au moyen de leur contenu linguistique, mais aussi grâce à leur rapport implicite avec des principes de l’activité de penser universellement valables, avec la « connaissance générale des choses », avec des idées et des croyances à propos des « choses », de même qu’avec tout type de contexte extralinguistique (v. l’auteur, « Determinación y entorno », Romanistische Jahrbuch, 7, 1955-1956, en part. p. 49-50 ; repris dans Teoría del lenguaje y lingüística general, Madrid, 1962, en part. p. 315-317)3. De plus, les textes peuvent renvoyer à d’autres textes connus au sein de la même communauté linguistique. Si je dis une seule fois Sverige [« Suède »], le plus probable est que je me réfère seulement et simplement au pays ainsi nommé ; mais si je le dis trois fois – Sverige, Sverige, Sverige –, la majorité des Suédois y verront aussi une référence implicite à un texte précis et que tous connaissent (leur hymne national). Enfin, dans les textes, la langue elle-même peut être employée, non seulement comme système de signes, mais aussi comme « réalité » (v. 4.2.).

Tout cela détermine déjà la désignation (ainsi, par exemple, le soleil, la lune sont, sans aucune autre détermination ultérieure, des désignations individuelles parce que dans notre « contexte naturel » nous ne connaissons qu’un seul soleil et qu’une seule lune), mais cela contribue surtout au sens du texte. En lisant un récit qui commence ainsi : « La cinquième lune était déjà levée. Bang Tronk ouvrit soudain ses vingt yeux et étendit, l’un après l’autre, ses six bras », on comprend tout de suite, de par notre connaissance générale des choses, qu’il s’agit d’un conte fantastique, que l’action correspondante ne se déroule pas sur la Terre et que Bang Tronk n’est pas un être humain (ou, du moins pas un être humain terrestre).

3.4.2. Dans tous les cas, donc, où les moyens extralinguistiques qui interviennent implicitement dans la production d’un texte sont valables en général (pour toute l’humanité), ces moyens sont aussi tacitement présupposés pour sa traduction. Mais dès que ces moyens ont seulement une validité limitée ou que la langue du texte original ne fonctionne pas seulement comme système de désignation purement instrumental (et les deux choses arrivent très souvent), un conflit entre la désignation et le sens peut surgir dans la traduction. Cela se produit spécialement dans deux cas : a) lorsque les choses désignées ont à leur tour des valeurs symboliques et, précisément, des valeurs symboliques différentes dans les différentes communautés linguistiques ; et b)

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lorsque les faits de langue ont dans le texte original, non seulement une fonction désignative, mais en même temps une fonction symbolique directe. Ainsi, par exemple, le noir est associé dans de nombreuses communautés avec la mort, le deuil, la tristesse, et le blanc, en revanche, avec des sentiments gais ou des états d’âme tranquilles et paisibles ; mais dans certaines communautés, c’est le contraire : le blanc est, justement, la couleur du deuil. De ce fait, un texte comme : « Tout est noir autour de moi. Les arbres sont noirs, les oiseaux sont noirs, les fleurs sont noires, les nuages dans le ciel sont noirs », non seulement sera interprété différemment dans des communautés linguistiques différentes, mais pourra même avoir des sens exactement opposés, de sorte que, à vouloir conserver le sens, il faudra traduire noir par « blanc », et vice versa. Le cas des valeurs symboliques éventuellement attribuées à certaines catégories propres de la langue est analogue : ainsi, par exemple, le genre grammatical peut être converti en symbole du genre naturel. Dans un conte de fées allemand, le soleil (Sonne, fém.) pourrait apparaître pour cette raison comme une femme et la lune (Mond, masc.) comme un homme ; et dans l’imaginaire des allemands, la mort (Tod, masc.) personnifiée est un homme ; en revanche, dans les communautés linguistiques romanes, il arrive le contraire, vu que dans les langues romanes le mot pour « soleil » est masculin et les mots pour « lune » et « mort » sont féminins.

3.4.3 Dans ces cas, le traducteur doit choisir entre le sens et la désignation. S’il veut conserver le sens, il devra changer la désignation ; si, en revanche, il veut conserver la désignation, il devra indiquer, éventuellement en marge de la traduction elle-même (par exemple, dans une note de bas de page ou dans une glose), que la même désignation implique un sens différent dans la communauté linguistique à laquelle correspond le texte original. La même chose se produit quand les « choses » ou les faits idiomatiques ont une valeur symbolique dans certaines communautés linguistiques et pas dans d’autres (la chèvre, par exemple, n’est pas partout un symbole de la stupidité féminine, comme elle l’est dans la communauté de langue allemande).

4.1. Ce qui nous amène à la deuxième conception erronée. Dans un essai, par ailleurs très fin, sur la théorie de la traduction, on peut lire que le mot allemand Wald ne peut pas se traduire en espagnol, et cela, non pas – comme on pourrait le penser – parce que l’espagnol fait la distinction entre bosque et selva, mais parce que les sentiments que le mot Wald suscite chez les Allemands seraient entièrement différents de ceux que le mot bosque pourrait susciter chez les Espagnols. Tout cela – indépendamment même de savoir si les sentiments en question surgissent toujours et chez tous les Allemands, ce qui est loin d’être assuré – constitue une confusion déplorable, quoique très caractéristique, de la théorie de la traduction, car on exige là implicitement de la traduction quelque chose qui, en toute rigueur, ne peut même pas être exigé de l’activité de parler primaire. En effet, ces sentiments – dans la mesure où ils existent

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(et s’ils surgissent effectivement) – ne sont pas suscité par le mot Wald en tant que tel, mais par les bois eux-mêmes en tant que « chose » désignée. Le fait que ces sentiments ne soient pas communiqués n’est donc pas une imperfection de la traduction par rapport aux textes originaux, mais une de ses limites rationnelles et, précisément, la principale ; une limite qui, cependant, vaut dans le même sens aussi pour l’activité de parler primaire, qui ne suscite pas non plus par elle-même ces sentiments : de cela se chargent les « realia » auxquelles on se réfère dans l’activité de parler ou que cette dernière présuppose. Et la traduction, en tant que simple technique de langue, n’est concernée que par les moyens linguistiques de l’activité de parler, et non par ses moyens extralinguistiques. L’objet de la traduction n’est pas, à cet égard, la totalité de ce qui est d’une manière ou d’une autre sous-entendu, la totalité de ce que l’on comprend « dans » et « par » un texte, mais – hormis les différences dans la « verbalisation » usuelle et nécessaire dans diverses langues – seulement ce qui est effectivement dit, c’est-à-dire ce qui est exprimé par le langage dans sa fonction sémiotique, ce qui est « verbalisé », et qui peut, en principe, être traduit. Les « realia » impliquées dans l’activité de parler ne peuvent pas se traduire parce que, précisément, elles ne relèvent pas de ce qui est dit : elles peuvent seulement être indiquées ou décrites.

4.2.0. Il convient de dire quelque chose de semblable aussi du langage lui-même, dans la mesure où il est employé dans les textes non pas simplement (ou seulement) dans et pour sa fonction sémiotique, mais comme « réalité ». Il faut distinguer ici différents cas :

4.2.1. D’abord, le matériau linguistique peut apparaître dans les textes en tant qu’objet de l’activité de parler, c’est-à-dire comme la « réalité » dont on parle. Cela se produit dans ce que l’on appelle l’usage « métalinguistique » du langage et constitue le cas le plus simple. Dans ce cas, ce matériau ne peut pas être traduit si l’on prétend conserver la même désignation : il doit être inséré dans la traduction même en tant que « réalité désignée ». Autrement, il ne s’agit plus de « traduction » mais d’« adaptation ». Dans une traduction anglaise classique de De l’interprétation d’Aristote, on trouve gr. τραγέλαφος traduit par mermaid, dans un contexte où Aristote parle du mot grec τραγέλαφος en tant que tel ; c’est là, précisément, une « adaptation ».

4.2.2. Ensuite, le langage peut être employé avec une fonction désignative et en même temps « symptomatique » (c’est-à-dire avec la fonction de décrire ou de caractériser ses locuteurs). Ainsi, dans un texte en allemand littéraire, un personnage peut parler en bavarois ou avec des traits bavarois. Et s’il faut traduire ce texte, ce que le personnage dit peut, en principe, être traduit, mais pas « l’aspect bavarois » de son expression. Or, cette « dimension bavaroise » aura peut-être précisément en tant que telle une fonction déterminée dans le texte en question, à savoir la fonction que Hjelmslev appelle « connotation » et qu’il vaudrait mieux appeler

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« évocation » : en l’occurrence, la fonction d’évoquer les associations que l’on fait, dans la communauté linguistique allemande, avec les Bavarois. On peut dire la même chose, mutatis mutandis, des « niveaux » et des « styles » d’une langue historique (comme, par exemple, la « langue vulgaire », le « style familier », etc.). Dans ces cas-là, une traduction n’est pas possible, mais seulement une adaptation ; ainsi, si la conservation du sens dépend précisément de cela, il faudra choisir dans la langue d’arrivée un dialecte qui, dans la communauté linguistique correspondante, puisse évoquer la même chose – ou plus ou moins la même chose – que le bavarois dans la communauté linguistique allemande. Mais la mesure dans laquelle de telles adaptations sont possibles dans la pratique dépend de la configuration « diatopique » (dialectale), « diastratique » (socioculturelle) et « diaphasique » (« stylistique ») de la langue d’arrivée et des associations auxquelles cette configuration se prête dans la communauté qui parle cette langue.

4.2.3. Le matériau linguistique peut également être employé avec une fonction désignative et, en même temps – par le son, le rythme, la dimension et autres propriétés –, une fonction « icastique » (c’est-à-dire la fonction de « reproduction » ou de représentation directe de la réalité désignée), ou bien, sur la base d’homophonies ou de similitude phonique, de façon intentionnellement ambigüe (comme dans beaucoup de jeux de mots). Dans ce cas aussi, la traduction au sens propre est seulement possible pour la fonction désignative, mais pas pour la fonction « icastique », ni pour l’ambigüité. La fonction « icastique » et l’ambigüité peuvent seulement être imitées, et l’imitation est souvent pratiquement impossible – si l’on veut conserver la désignation comme le sens –, puisque cela dépend de si la langue d’arrivée dispose d’expressions semblables à celles de la langue de départ pour les mêmes désignations. Un texte publicitaire italien (pour une boisson) dit : Chi beve Neri, Neri beve, qui peut s’interpréter aussi comme Chi beve Neri, ne ribeve. Des traductions possibles comme « Qui boit Neri – boit Neri », « Qui boit Neri – en reboira » (ou « Qui boit Neri en boira encore ») ne pourraient absolument pas avoir le même effet, car à chaque fois on n’a qu’une seule désignation, tandis que le sens du jeu de mots, la double désignation, est perdu.

4.2.4. Enfin, le langage peut être employé en même temps comme langage primaire avec fonction désignative et comme métalangage. Cela se produit quand, précisément, on parle avec et en même temps de certaines oppositions des langues, avec et en même temps de certaines unités idiomatiques. Ainsi, par exemple, esp. No lo trae sino que lo lleva [« Il ne l’apporte pas, il l’emporte »] ne pourrait pas se traduire exactement en italien, vu que l’italien ne connaît pas une opposition analogue à celle entre « traer » et « llevar » [« apporter » / « emporter »] ; on ne pourrait pas non plus traduire « fidèlement » en italien Vous gagnerez mais vous ne vaincrez

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pas, vu qu’en italien on dit vincere pour « vaincre » comme pour « gagner » (une bataille, une guerre). Dans ces cas-là, on peut seulement recourir à des explications analytiques des signifiés (v. 3.3.2. a)), bonnes pour éclairer mais pas pour reproduire le sens de ce qui a été dit, ou bien, encore une fois, à l’imitation ; et, en général, il est très difficile de pouvoir conserver dans la traduction tant la désignation que le sens du texte original. Malgré cela, ces cas sont encore relativement simples. En effet, on rencontre souvent dans les textes des cas beaucoup plus compliqués. Dans un essai sur le signifié et la désignation4 , j’avais donné comme exemple d’« intraduisibilité » la phrase allemande Du hast „Krieg“ wieder mit G geschrieben (« Tu as de nouveau écrit Krieg avec un G »), où Krieg et G ne peuvent pas se traduire. Un logicien connu, qui – comme, lamentablement, la plupart des logiciens – n’est pas en bons termes avec ce que l’on appelle les « langues naturelles », c’est-à-dire avec les langues (et avec le langage) tout simplement, m’écrivit peu après qu’une traduction anglaise « exacte » de mon exemple serait You have written "Krieg" once more with a G. Cela est certainement vrai en ce qui concerne l’emploi « métalinguistique » (encore que dans ce cas aussi Krieg et G ne sont pas « traduits » mais « adoptés » tels quels). Mais mon exemple faisait allusion à un texte particulier, et ce texte dit quelque chose d’autre : Du hast Krieg mit ch geschrieben, Ulla. Krieg wird mit g geschrieben. G wie Grube [« Tu as écrit Krieg avec ch, Ulla. Krieg s’écrit avec un g. G comme Grube »]. Il ne s’agit plus ici simplement de l’emploi « métalinguistique » de Krieg, comme ce pourrait être le cas, par exemple, dans un cours d’allemand en Angleterre ou en Amérique ; bien au contraire, le mot Krieg [« guerre »] est employé sur le plan métalinguistique et, en même temps, quoiqu’indirectement, dans le langage primaire (c’est-à-dire avec son signifié) ; et il ne s’agit pas seulement de la désignation, mais, également, du sens du texte en question. En effet, il s’agit bien d’une classe d’allemand, mais en Allemagne et durant la guerre. La petite Ulla a écrit Im Krieg sind alle Väter Soldat [« À la guerre, tous les pères sont soldats »], et Krieg avec ch (autrement dit Kriech). Le père d’Ulla aussi est soldat à la guerre. Qui plus est, justement ce jour-là où Ulla écrit Krieg avec ch, ce mardi, son père est mort et elle ne le sait pas encore : elle continue d’écrire Im Krieg sind alle Väter Soldat, mais maintenant avec le g de Grube. Ainsi, donc, le fragment cité est, à la fois, une représentation indirecte et tragique d’une réalité absurde : les pères font la guerre, et faire la guerre signifie pour eux, entre autres choses, mourir du typhus ; pendant ce temps-là leurs enfants écrivent en toute innocence des exemples avec le mot Krieg, « guerre ». Mais ce n’est pas tout : Krieg s’est

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écrit avec ch, et cela est, d’un côté, une allusion à la prononciation Kriech, largement répandue en Allemagne, et, d’un autre côté, une allusion à kriechen, « ramper », qui associe ainsi la réalité « guerre » à la réalité « ramper » ; et Krieg devrait s’écrire avec le g de Grube, « fosse », par quoi ce n’est plus seulement le mot Krieg, mais la guerre elle-même qui est associée avec « fosse », et, surtout, avec cette fosse commune dans laquelle le père d’Ulla vient d’être enterré avec d’autres. On voit mal comment ici, dans un effort éventuel d’imitation, on pourrait trouver exactement ou presque les mêmes associations avec les mots war, guerre, guerra, etc.

4.3. La véritable limite rationnelle de la traduction n’est donc pas le fait du langage – de la diversité des langues en tant que systèmes de désignation – mais de la réalité employée dans les textes (y compris du langage utilisé en tant que « réalité »). Il faut insister encore une fois sur ce point fondamental : seul ce qui est « dit », seul le langage dans sa fonction sémiotique au sens strict, peut être traduit, mais pas les « réalités extralinguistiques » que les textes présupposent, ni les réalités présentes dans les textes mêmes, dans la mesure où elles y fonctionnent justement en tant que réalités.

5.1. Ce qui nous amène à la troisième conception erronée et, en même temps, à son dépassement. Lorsque l’on examine la traduction de façon critique et que l’on en indique les limites, on la traite généralement comme une simple technique linguistique, alors que ce que l’on en attend implicitement ne dépend pas de cette technique (dont on dit, justement, qu’elle ne permet pas de faire ceci ni cela), mais de la traduction en tant qu’activité des traducteurs, à propos desquels on observe, néanmoins, qu’ils réussissent, du moins en partie, là où la traduction échoue en tant que telle. Cette contradiction ne peut être levée qu’au prix d’une nouvelle distinction. Il faut distinguer ici, précisément, entre la traduction comme activité technique relative aux langues en tant que systèmes de signes préexistants, que nous appellerons ici conventionnellement transposition, et l’activité réelle des traducteurs, appelée aussi « traduction artistique », que nous appellerons dans ce qui suit activité de traduire. La « transposition », dans ce sens, est la technique consistant à établir des « correspondances », c’est-à-dire des équivalences dans la désignation, entre signifiés de langues différentes ; l’« activité de traduire », en revanche, est une activité complexe, qui va bien au-delà de la seule « transposition », et peut – ou doit – même souvent être de la non-transposition. Ce qui ne peut pas « se traduire » (c’est-à-dire « être transposé ») ‒ parce qu’il n’y a aucune équivalence dans la langue d’arrivée ou parce qu’il s’agit de quelque chose qui est rationnellement « intraduisible », d’une « réalité » ‒, n’est tout simplement pas transposé dans l’activité de traduire. En effet, en plus de la simple transposition, l’activité de traduire peut comporter selon

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le cas : création d’équivalences (c’est-à-dire de nouveaux signifiés et de nouvelles expressions dans la langue d’arrivée), adoption, adaptation, explication analytique des signifiés de la langue de départ et commentaire ou éclaircissement (ce dernier, hors texte, ou, éventuellement, dans le texte même de la traduction : ainsi, au lieu de Jupiter, le traducteur peut dire le dieu Jupiter, s’il pense que cette information manque à ses destinataires).

5.2. Voilà le paradoxe de la traduction théoriquement impossible mais qui existe empiriquement résolu de ce côté : la traduction qui est souvent rationnellement impossible est la transposition ; la traduction qui existe est l’activité de traduire, activité qui ne connaît aucune limitation rationnelle et seulement des limites empiriques, imposées par telle ou telle langue ou communauté linguistique, par tel ou tel texte.

6.1. À la distinction entre « transposition » et « activité de traduire » se rattache, pour finir, le problème de l’« invariance » exigible de la traduction. La théorie la plus ancienne de la traduction (qui, du reste, se perpétue en grande partie jusqu’à l’époque du Romantisme allemand) exige, en général, seulement l’« invariance » (la conservation) du contenu du texte, que l’on appelle communément le « sens » (sensus), bien que parfois, ou pour certains textes, elle pose aussi d’autres exigences. En revanche, dans la théorie moderne et actuelle – ayant constaté que la traduction en tant que technique se rapportant aux langues est soumise à des limitations de ses possibilités, c’est-à-dire que tout ne peut pas être « transposé » ‒ on parle plus ou moins explicitement de différents degrés d’invariance qui devraient être applicables à différents aspects des textes à traduire. On est même allé jusqu’à essayer d’établir une échelle d’« invariance optimale », qui irait d’un minimum d’invariance dans la phonétique (ou dans la graphie) à un maximum concernant le sens des textes. Une telle approche est doublement inacceptable. D’un côté, les divers aspects du texte qui sont envisagés dans cette approche ne sont pas de même nature et, par conséquent, ne peuvent pas être ordonnés sur la même échelle. Ainsi, le phonique et le graphique sont seulement des instruments, tandis que la transmission du sens est la finalité du texte. De plus, le phonique et le graphique sont normalement (c’est-à-dire quand il ne s’agit que de la désignation) des instruments secondaires : ils servent à renvoyer au signifié, qui est, à son tour, instrument de la désignation ; d’où il découle que, à cet égard, l’invariance optimale du phonique ou du graphique est égale à zéro. Mais si le phonique et le graphique sont des instruments primaires, c’est-à-dire s’ils contribuent de façon immédiate à l’expression du sens (comme, par exemple, quand ils remplissent une fonction « icastique »), alors ces aspects doivent être pris en considération au même titre que les équivalences sémantiques, et il n’est plus alors possible de se contenter d’un minimum d’invariance. D’un autre côté, le problème de l’invariance optimale revêt de nouveaux aspects – et, dans un certain

sens, disparaît en tant que problème – dès que l’on fait la distinction entre « transposition » et « activité de traduire ». En ce qui concerne la transposition, la notion même d’invariance « optimale » n’est pas, en toute rigueur, admissible, car il s’agit dans ce cas de jugements d’existence, qui, en tant que tels, n’admettent aucune gradation. C’est-à-dire que les « correspondances exactes » (dans la désignation) entre la langue de départ et la langue d’arrivée existent ou n’existent pas : au sens propre, on ne peut pas parler de correspondances plus ou moins adéquates. S’il y a plusieurs correspondances, soit elles ne sont pas parfaitement équivalentes, soit il faut choisir entre elles, non pas dans l’abstrait, mais en fonction de chaque texte particulier. Et dans l’activité de traduire, il n’est pas question de postuler abstraitement un « optimum » générique d’invariance. En effet, l’activité de traduire est une activité finalitaire et historiquement conditionnée, de sorte que l’« optimum » en question peut varier avec chaque cas, selon les destinataires, les textes à traduire et la finalité de la traduction. Plus encore, la diversité de l’invariance optimale doit aussi être admise pour différentes parties d’un même texte.

6.2.1. Du reste, la nécessité de faire une distinction à cet égard avait déjà été signalée dans la théorie traditionnelle de la traduction. Il est certain que jusqu’à la Renaissance il est normal d’affirmer un idéal de traduction. Toutefois, une première différenciation – précisément à propos de la « fidélité » de la traduction – est déjà entreprise par saint Jérôme dans son épître célèbre Ad Pammachium (de optimo genere interpretandi). Saint Jérôme, en effet, soutient fondamentalement l’idéal de traduction selon lequel il faut ‘exprimere sensum de sensu’, mais il fait une exception (et dans le cadre de son activité cette exception est très loin de manquer d’importance) pour l’Écriture sainte, « ubi et verborum ordo mysterium est » et où, par conséquent, il faut traduire « verbum e verbo ». À la Renaissance, Luther pose une nouvelle fois (Sendbrief vom Dolmetschen, 1530) le problème de l’activité de traduire du point de vue d’un idéal de traduction ; mais il attire aussi implicitement l’attention sur une différenciation, précisément, selon les destinataires, ceux à qui il faut ‘parler une langue qu’ils comprennent’. Et Juan Luis Vives, dans De ratione dicendi (Louvain, 1533), distingue expressément trois types de traduction selon les textes à traduire : a) les traductions dans lesquelles il est seulement nécessaire de s’occuper du sensus du texte ; b) celles dans lesquelles il faut tenir compte de l’expression en tant que telle (phrasis et dictio) ; et c) celles dans lesquelles il faut tenir compte tant du sensus que de l’expression (et res et verba) (voir notre essai « Das Problem des Ueberstzens bei Juan Luis Vives », dans Interlinguistica. Festschrift Wandruszka, Tübingen 1971, p. 571-582). Beaucoup plus tard, F. Schleiermacher, dans Ueber die verschiedenen

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Methoden des Ueberstezens5 (1813), distingue, d’abord, aussi selon la nature des textes originaux, deux sortes de « Übertragung », que nous pouvons appeler ici « version » : celle orientée à des fins pratiques (« Dolmetschen », version des interprètes) et la version comme art (« Übersetzung », traduction), et ensuite, dans le cadre de celle-ci et selon la finalité de l’activité de traduire, la traduction fidèle et la traduction libre, conçues, du reste, comme des pôles opposés entre lesquels on pourrait admettre une ample gradation. Et Goethe entreprend à son tour, comme on le sait, une différenciation selon les buts de l’activité de traduire.

6.2.2. Toutes ces différenciations sont fondées, mais elles doivent être combinées entre elles et appliquées, comme nous l’avons dit, aussi aux parties des textes. En tant qu’activité finalitaire, l’activité de traduire exige, en effet, une invariance largement différenciée, tant selon la nature des textes originaux et de leurs parties comme selon les destinataires et la finalité propre de chaque traduction. Des distinctions comme « traduction littérale » / « traduction libre », en ce qui concerne l’invariance exigible dans chaque cas, sont de peu d’utilité et, pour cette raison même, discutables. Car, d’un côté, la qualification de « littérale » est ambigüe : en effet, elle peut renvoyer à la traduction dite « fidèle » (en ce qui concerne la désignation) comme à la ‘traduction par le signifié’, c’est-à-dire à l’interprétation analytique des constructions et des signifiés grammaticaux et lexicaux d’une langue au moyen d’une autre langue (v. 3.2.2. a)), utilisée depuis Lorenzo Hervás et W. von Humboldt comme procédé d’analyse linguistique. D’autre part – et en faisant abstraction de cette ambigüité – ce genre de distinction se révèle totalement insuffisant si l’on se réfère à une invariance optimale générique et abstraite, conçue comme valable pour des textes entiers ou, pire encore, pour des types généraux de textes – par exemple, pour les textes « scientifiques » et les textes « littéraires », respectivement – et indépendamment des destinataires et de la finalité de chaque traduction. En effet, les traductions littéraires aussi doivent être « littérales » dans certains cas et les traductions scientifiques peuvent très bien être « libres ». Ainsi, jusque dans un cas comme celui de gr. τραγέλαφος mentionné plus haut, différentes traductions sont acceptables, selon les buts de l’activité de traduire et les destinataires. À des fins philologiques (s’il faut se donner la possibilité de citer exactement, sur la base de la traduction, ce qu’a effectivement dit Aristote), il est évident qu’une « adaptation » comme mermaid n’est pas admissible, mais elle l’est si le traducteur se propose seulement de transmettre le sens profond de l’affirmation du philosophe, l’idée même en tant que telle, à des lecteurs qui ne connaissent pas le grec ; en outre, les deux objectifs peuvent se combiner (ainsi, par exemple, quand gr. τραγέλαφος est traduit par un calque, c’est-à-dire par

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une imitation du mot grec, comme lat. hircocervus ou all. Bockhirsch). Il faudrait seulement déclarer à chaque fois les objectifs, pour ne pas induire en erreur.

6.2.3. Un idéal de traduction unique et universellement valable est une contradictio in adiecto, car une invariance optimale générique et abstraite est aussi peu admissible pour l’activité de traduire qu’un « optimum » générique pour l’activité de parler. L’activité de traduire est analogue avant tout à celle de parler ; de ce fait, pour l’activité de traduire comme pour l’activité de parler, seules sont applicables des normes différenciées et motivées par une finalité. Pour la même raison, la « meilleure traduction » absolue d’un texte quel qu’il soit n’existe tout simplement pas : seule peut exister la meilleure traduction de tel texte pour tels ou tels destinataires, à telles ou telles fins et dans telle ou telle situation historique.

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1 Communication présentée – en allemand – à un colloque sur « Théorie et pratique de la traduction », organisé par la Fondation Nobel à Stockholm, du 6 au 10 septembre 1976 ; imprimé dans Theory and Practice of Translation, Nobel Symposium 39, Stockholm, September 6-10, 1976, L. Grähs, G. Korlén, B. Malmberg (eds.), Bern / Frankfurt a. M. / Las Vegas, 1978, 17-32 ; réimpr. dans Übersetzungswissenschaft, W. Wilss (Hg.), Darmstadt, 1981, 27-47 ; dans Energeia und Ergon, Band 1: Schriften von Eugenio Coseriu (1965-1987), Jörn Albrecht (Hg.), Tübingen, 1988, 295-309 ; trad. esp. Marcos Martínez Hernández, « révisée par l’auteur spécialement pour cette édition », dans El hombre y su lenguaje, 2a ed., Madrid, 1991 [1977], 214-239.

2 Femme de Socrate (NdT).

3 Traduction française : N. Fernández-Bravo et J.-P. Durafour avec la collaboration de l’auteur, « Détermination et entour », dans L’Homme et son langage, Louvain / Paris, 2001, en part. p. 60-62 (NdT).

4 „Bedeutung und Bezeichnung im Lichte der strukturellen Semantik“, dans P. Hartmann, H. Vernay (Hg.), Sprachwissenschaft und Übersetzen, München, 1970, 104-121 (NdT).

5 Traduction française : A. Berman, Des différentes méthodes du traduire, Paris, Seuil, 1999 (NdT).